10.11.09

Sous le soleil exactement

Retour de Bombay hier dans la nuit, je n'en reviens pas d'avoir passé un weekend dans cette ville qui il y a de cela à peine un mois me semblait si inaccessible, l'autre bout du monde..  foulant le bord du rivage, samedi dernier je me suis très clairement dit : j'ai de la chance d'être là.

Bombay m'a accueillit ici, premier contact avec l'Inde, bras ouverts, puante et suante. Je me souviens de l'atmosphère chargée à la sortie de l'aéroport, de tous ces yeux braqués sur ma valise rose.. et puis la route, la traversée de la ville vers Pune. Des taules grises, des ordures, cet homme dormant sur le toit d'un camion troué, des enfants pataugeant dans des sacs plastiques verdâtres : le choc. Et puis Pune, fini Bombay et ses extrêmes, ses rues sales et leurs 15 millions d'habitants à peine entrevue, je découvrais le quotidien d'une ville moyenne, seulement 5 millions d'âmes : Pune.

Le weekend dernier, avant mes retrouvailles avec Mumbai, je ne m'attendais à rien, ou plutôt à tout ...sauf à ce qui s'est offert à ma vue. Ça grouille, ça marche, toujours des couleurs : les sarees, les bracelets, les panneaux publicitaires plus grand que ma tata, les camions rouges, les taxis jaunes et noirs "pouet pouet biz biz" : abeilles sans ruches produisant un miel aux arômes de carbones ... et puis soudainement, sans prévenir, sans tongue : la plage. Oui la plage, du sable, des enfants qui jouent à une variante hindou de la balle au prisonnier, et le soleil se couchant sur des centaines de world trade center. On se serait cru à Londres, sans la Tamise.

Mais j'avance rapide, reprenons depuis le début :
Après 3h30 tassée de nuit dans un taxi trop petit pour sept personnes, une fin de nuit trop courte et un petit déjeuné merveilleux  :
- un kerala dosa
- un sweat lassi (le meilleur que j'ai jamais bu de ma vie je vous jure)
- une petite patisserie du penjab miam miam
- et ne pas oublier le tchai sans sucre (après toutes ces calories j'aurai pu ajouter trois sucres dans ma tasse vous me direz : que neni je tiens a garder la ligne... courbée mais pas trop)

me voici, me voila toute excitée dans les rues de Bombay. Les yeux ne savent plus ou regarder, le ixus Canon se charge de les décharger. Il est deja au moins 2h de l'après midi, nous nous dirigeons vers le sud de la ville, le quartier le plus intéressant selon les gens et leurs dires. A Mumbai, 55% de la population vit dans des slums, cette ville figure dans le livre des records : le plus grand bidonville d'Asie y a élu domicile, si on peut parler de domiciles. Ici, il n'y a jamais personne dans les rues, "être seule" est une absurdité, les embouteillages, que nous avons eu la chance de rencontrer, sont aussi denses que sur le periph' parisien mais sans les lignes sur la route, sans les ceintures ni la pastille verte... Pourtant, quand on arrive dans le sud, on dirait le sud. Oui je fais bien référence au fameux hit de l'été spécial compil camping : "on dirait le sud, le temps dure longtemps, la la la..." Une baie énorme s'offre a vous, entourée de grattes ciels brillants et de maisons de vacances style Royan : les british ont recrée la promenade des anglais de Nice au pays des épices !!!! Ils sont forts ces Mr Beans et Lady Dit : Oh my god it's Big Ben over there !? Et non, vous êtes toujours à Bombay dear Lady. Les rues l'ambiance, cette plage, cette baie, ces immeubles blancs et balcons brodés... on dirait le sud, je confirme et signe, je n'ai rien d'autre à ajouter.

Du moins pour le sud. Sud été une répétition? Bref, nous avons passé la soirée en bas, j'évite de reparler du S..d ensablé, le style va devenir un peu lourd... La nuit je dirais qu'on aurait pu etre dans n'importe quelle grande ville du monde, même musique, sauf durant la Bollywood période qui nous a secoué vers 2h30 du mat', même jeunesse se trémoussant, buvant, chantant, blabla, on s'amuse, c'est la fête youhou ou
- Ou ?
- Partout !
Gueule de bois pour certains, nous voila dimanche, jour saint (mouais), sainte ni touche nous voila sur le chemin de la mosquée sur l'eau, érigée en l'honneur d'un certain ali... je me souviens plus du nom exact, bon il est mort... son tombeau est une œuvre d'art sur l'eau, le prix pour l'admirer n'est pas à négliger : traverser le chemin de l'horreur et du malheur. Je n'ai jamais vu autant de brûlés, handicapés sans jambes, sans bras, sans pieds, sans rien. D'enfants mendiants, d'enfants de 3 ans assis avec devant une coupelle imitation argent, vide de pièce, vide. De leurs mamans, sales, pleurant, mendiant... sur 500 mètres ils s'accroupissent, jusqu'aux marches de la saintes mosquée, et nous marchons.... Certains ont pleuré devant tant de pauvreté, de souffrance apparente... je me suis concentrée sur le récit de ma voisine, je n'ai pas ignoré, j'ai regardé mais fermée. Que faire ? Que dire ?
Nous sommes partis manger, boire, nous reposer, et nos vies n'ont pas changé. La leur non plus, sur ce chemin de mosquée. Après retour vers Pune, petite ville je le sais maintenant, tranquille et légère.

Je repars pour Bombay une de ces soirées, dans la semaine, bientôt donc... pour découvrir les autres merveilles, poubelles, et toutes les réactions qu'elles produiront dans mon esprit et mon corps européen.

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